
Nous avons déjà vu ensemble dans la publication nommée "L’utilité de l’Académie française" son fonctionnement, son organisation ainsi que ses différentes missions. Maintenant, attardons-nous sur son histoire : sa fondation, ses grandes dates ainsi que les anecdotes sur ceux que l'on nomme "les Immortels" et leurs emblématiques fauteuils.
La fondation de l’Académie française
C’est en 1629 que la grande histoire de l’Académie française débute. Cette année-là, quelques personnes se regroupent et constituent un cercle de discussion. C’est le conseiller et secrétaire du roi, Valentin Conrart, qui utilise son domicile situé à Paris, afin de permettre aux neuf personnalités du groupe de se réunir. En mars 1634, le tout premier compte rendu de réunion est signé. Une semaine après, cette assemblée opte pour le nom d’"Académie française". Les membres de cette institution portent alors le nom d’"académistes". Par la suite, le cardinal Richelieu prend ces personnalités sous sa protection. En effet, soucieux de son image, il donne les ordres suivants : établir des statuts, limiter le nombre de personnes à quarante et procéder à leur recrutement en fonction de leur talent. C’est en février 1636 que les membres seront nommés les "académiciens".
Les grandes dates de l’Académie française
D’après ses statuts initiaux, l’Académie se doit de travailler à la pureté de la langue française. Dans cet objectif, elle a donc entrepris la rédaction d’un dictionnaire. Ce dernier renferme tous les termes et acceptions légitimes. Ce travail fut placé sous la direction de Vaugelas en 1639. Or, la première édition ne parut toutefois qu’un 1694. Depuis, le fameux dictionnaire a été réédité sept fois, en 1718, en 1740, en 1762, en 1798, en 1835, en 1878, et en 1932-1935. La neuvième édition, dont la publication a commencé en 1992, est en cours.
Voici quelques grandes dates concernant l’Académie française :
- 1672 : Mort de Séguier, chez lequel se réunissait l'Académie depuis 1639. Le nouveau protecteur est le Roi-Soleil, Louis XIV. Dès cette date, le titre de "protecteur" reviendra à tous les rois ou chefs d’État.
- 1673 : Les séances de réception deviennent publiques.
- 1694 : La première édition du Dictionnaire sort. Il propose 18 000 mots. Il représente l’image d’une langue réduite "au bon usage" de l'homme moyen de l’époque. Il comporte des définitions générales ainsi que des exemples d’emploi très simples.
- 1816 : Le 21 mars, la Restauration rétablit les appellations traditionnelles suivantes : Académie française, Académie des inscriptions et belles-lettres, Académie des Sciences, Académie des beaux-arts. Elles sont épurées de vingt-deux de leurs membres. Toujours la même année, les séances hebdomadaires de l’Académie ont lieu tous les jeudis, mais aussi tous les mardis jusqu’en 1910.
- 1953 : L’Institut de France crée la fonction de chancelier. François Albert-Buisson, de l’Académie française, en sera le premier titulaire, jusqu’à sa mort.
- 1980 : Le 6 mars, pour la première fois, une femme, Marguerite Yourcenar, est élue au premier tour.
L’histoire des Immortels et de leurs emblématiques fauteuils
De neuf membres lors de sa création, l’Académie comporte désormais quarante membres. Depuis sa création, plus de sept cents membres ont été reçus. Parmi eux, une multitude de facettes : romanciers, poètes ou philosophes, médecins, militaires et hommes d’État ou d’Église. Il faut noter que personne n’a jamais démissionné de l’Académie dans l’histoire puisqu’il est tout simplement impossible de le faire. Les académiciens sont installés dans des fauteuils grâce au cardinal Estrées. Voici une anecdote connue, relatée par Charles Pinot Duclos :
"Il n'y avait anciennement dans l'Académie qu'un fauteuil, qui était la place du directeur. Tous les autres académiciens, de quelque rang qu'ils fussent, n'avaient que des chaises. Le cardinal d'Estrées, étant devenu très infirme, chercha un adoucissement à son état dans l'assiduité à nos assemblées : nous voyons souvent ceux que l'âge, les disgrâces, ou le dégoût des grandeurs forcent à y renoncer, venir parmi nous se consoler ou se désabuser. Le cardinal demanda qu'il lui fût permis de faire apporter un siège plus commode qu'une chaise. On en rendit compte au roi Louis XIV, qui, prévoyant les conséquences d'une telle distinction, ordonna à l'intendant du garde-meubles de faire porter quarante fauteuils à l'Académie, et confirma, par là et pour toujours, l'égalité académique. La compagnie ne pouvait moins attendre d'un roi qui avait voulu s'en déclarer le protecteur."
Enfin, abordons le célèbre cas du quarante et unième fauteuil. Il était réservé aux écrivains et autres personnes de renom qui n’ont jamais pu rentrer dans l’institution pour de multiples raisons : décès prématurés, rejet ou absence de candidature, etc. De grands noms ont occupé ce fauteuil. Parmi eux, on notera Stendhal, Flaubert, Balzac, Rousseau, Diderot, Baudelaire, Molière ou encore Descartes.