Nous pourrions affirmer que toute la littérature de la période du Moyen Âge est poésie tant les œuvres en prose demeurent rares. En effet, le roman est versifié, le théâtre est versifié. Il n’y a que les œuvres historiques qui soient écrites en prose. C’est pourquoi la poésie médiévale comprend un ensemble fort complexe d’une multitude d’œuvres diverses.
Qu’est ce que la poésie médiévale française ?
La poésie médiévale française concerne toutes les œuvres poétiques composées en France pendant le Moyen Âge. C'est au douzième siècle que, parallèlement à d’autres formes de poésie telle la poésie didactique, dramatique, épique ou religieuse, se développe la toute première poésie lyrique d'expression française. C’est une poésie où un « je » personnel s’exprime. On peut la voir comme une tentative de se libérer des codes sociaux et idéologiques de l’époque. Le lyrisme n'est pas uniquement l’expression du sentiment amoureux puisque le mouvement cherche également à exprimer la sensibilité personnelle de l’auteur, tout en musicalité. Effectivement, les trouvères ainsi que les troubadours (deux termes pouvant se traduire par "inventeurs") sont surtout des poètes musiciens. C’est pourquoi la poésie lyrique médiévale sera longtemps tributaire de la musique médiévale.
Poésie médiévale française : la Floraison des troubadours
D’où vient la poésie des troubadours ? Elle s'inspire directement de la poésie arabe ainsi que des rites préchrétiens donnant une certaine liberté de la femme à différentes époques de l'année. À la fin du onzième siècle, cette poésie musicale instaure une nouvelle conception de l'amour en Occident. Elle permet également d’intégrer celle-ci aux valeurs féodales. Les deux troubadours les plus connus sont Guillaume de Poitiers (1071-1127) ainsi que Bernard de Ventadour (deuxième moitié du douzième siècle). Le premier nommé n’est autre que le premier grand troubadour. Il s’agit du neuvième duc d'Aquitaine, tout simplement l'un des plus grands seigneurs de son époque. Ce dernier brûle d'amour pour une dame, supérieure à lui par son rang. Le second est connu pour être le plus original des troubadours, car il met en avant son expression personnelle. Il incarne la grande mixité sociale des troubadours. En outre, n’oublions pas une autre tradition lyrique : la chanson de toile, ou chanson d'histoire. Elle tient son nom de l'activité de ses personnages féminins. Elle est tout simplement la forme la plus ancienne du lyrisme médiéval.
Poésie médiévale française : renouvellement des formes au quatorzième et au quinzième siècles et Grande Rhétorique
Au quatorzième et au quinzième siècles, les formes nouvelles existaient mais elles n'étaient pas dominantes. Par exemple, le rondeau s’apparentait à des poèmes liés à l'origine à la danse. La ballade ainsi que le virelai étaient aussi présents. C'est Guillaume de Machaut qui a surtout contribué au grand succès de ces toutes nouvelles formes poétiques. Il a aussi fixé des règles nettes et précises. Passons à la période de la Grande Rhétorique. C’est un courant poétique de joyeux érudits. Ces auteurs font le choix d'écrire dans la langue "vulgaire", c’est-à-dire la langue du peuple : le français. Ils utilisent cependant des figures de style provenant de la rhétorique traditionnelle. Selon une idée reçue, les grands rhétoriqueurs n’exprimeraient pas des émotions sincères. Or, il s'agit d'une interprétation fausse, redevable aux romantiques, même si les grands rhétoriqueurs accordaient une réelle importance à l'aspect formel de leur expression. Outre la ballade, le rondeau et le rondeau-virelai, on pouvait aussi rencontrer le prosimètre. Ce dernier mettait en avant le discours allégorique (qui raconte ou décrit une chose pour renvoyer à une autre, souvent une idée abstraite que l'allégorie rend concrète ainsi concrète) ainsi que l'invective (parole ou suite de paroles assez violentes). Parmi les nombreuses formes poétiques développées, on notera le chant royal. Sa structure est composée de cinq strophes de schéma identique. Elles sont toutes suivies d'un envoi réel ou fictif au Prince. Ce dernier était alors invité à récompenser l'un de ces poèmes.
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